David Altmejd commente l'œuvre The University 1
En faisant The University 1, j’étais tout à fait conscient que c’était une structure à la Sol LeWitt. C’est pour ça que je l’ai recouverte complètement de miroirs : c’est un geste très simple. Tous les petits barreaux se reflètent l’un dans l’autre, de sorte qu’il est impossible de les voir.
[…]
J’avais comme l’impression au début, quand j’ai commencé à faire de la sculpture, que ça avait besoin d’être habité. Il y avait quelque chose qui me laissait froid, qui me frustrait – comme si c’était fini. Je voulais rendre ces formes infinies, et une des façons de les rendre infinies était d’ajouter à l’intérieur quelque chose qui allait créer un contraste avec la forme minimale. De ce point de vue, si on veut faire un lien avec l’histoire de l’art, ça ressemble beaucoup à Paul Thek : cette idée d’habiter des structures minimales, de les infecter… Cela peut sembler contradictoire, l’idée d’infecter quelque chose pour lui donner vie, mais c’est comme ça que je le voyais. […] Moi, je vois l’infection, symboliquement, comme une forme d’énergie, comme quelque chose de positif dans ma sculpture.
Miroirs, bois
The Brant Foundation, Greenwich, Connecticut
The University 1 est venue d’une idée très simple. Ce que je voulais, c’était partir d’une structure qui faisait un peu référence à une structure de l’artiste minimaliste Sol LeWitt, et la recouvrir de miroirs, complètement. Mon but était de vraiment la faire disparaître visuellement, de manière à ce que, quand on la regarde, c’est impossible de vraiment faire sens de sa forme, parce que tout est reflété, tout est fragmenté, donc c’est comme si il y avait une espèce de désintégration visuelle. Elle agit comme un vortex. Elle absorbe tout ce qui est autour d’elle parce que, quand on en fait le tour, on voit son reflet, on voit son propre reflet à l’intérieur de la sculpture, parce que le reflet du spectateur rebondit à l’intérieur plusieurs fois et se retrouve au milieu de la sculpture. Donc, c’est comme si elle absorbait son environnement et qu’elle le fragmentait. Mais en même temps j’ai l’impression qu’elle redevient positive, l’objet redevient positif parce que, après avoir absorbé et fragmenté l’environnement – le monde autour de lui – il le transforme en énergie en forme d’étincellement.
Il y a une petite histoire amusante [au sujet de l’œuvre]. Quand je l’ai faite en atelier, à un moment donné au milieu de l’atelier, j’ai éteint les lumières, j’allais partir de l’atelier, et puis j’ai remarqué qu’il y avait une petite lumière verte à l’intérieur de la structure. Je ne savais pas exactement où, mais elle était quelque part à l’intérieur de la sculpture. Je me suis dit : mais qu’est-ce que ça reflète? Il n’y a pas de lumière verte dans mon atelier. J’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu que deux blocs plus loin, il y avait une petite lumière verte et, donc, cette petite lumière verte qui était deux blocs plus loin, avait réussi à trouver son chemin à travers ma fenêtre, à l’intérieur de ma sculpture, avait rebondi un peu partout dans la sculpture et s’était retrouvée en plein milieu de l’objet. J’ai trouvé ça assez drôle.