Menu

The
Island

2011

David Altmejd commente l'œuvre The Island

Le géant, je le vois moins comme un humanoïde que comme un paysage ou une architecture, donc je me suis donné la permission de le représenter debout. Et à partir du moment où il s’est redressé, je me suis autorisé des représentations disons plus « humaines ». Le géant a ouvert la porte. Du coup, j’ai eu la possibilité de m’inspirer de toute l’histoire de la sculpture.

David Altmejd, dans « Dans le labyrinthe avec David Altmejd : interview par Richard Leydier », artpress, nº 417 (déc. 2014), p. 47-48.

Polystyrène, mousse expansible, argile époxy, bois, cheveux synthétiques, résine, quartz, plexiglas, noix de coco, peinture acrylique, fil de fer, paillettes, peinture au latex

The Brant Foundation, Greenwich, Connecticut

The
Island

2011

Mon travail s’était toujours développé de manière très architecturale, toujours à l’horizontale. C’étaient toujours des espèces de structures architecturales à l’intérieur desquelles je plaçais des objets, des éléments. Mon but, c’était de transformer cette espèce de structure architecturale pour qu’elle devienne un genre d’organisme vivant, presque comme un corps. J’ai pensé que, pour la suite, pour faire un changement complet, j’ai pensé que si je faisais une série de géants, si je commençais à travailler sur le corps du géant, ça permettrait de passer de cette espèce de développement horizontal… et ça m’offrirait un nouvel espace à explorer, un espace plus vertical. Le corps du géant, ce n’est pas vraiment un corps parce qu’il est trop grand pour qu’on puisse s’y identifier. On peut presque plus l’imaginer, quand on se rapproche, on peut imaginer qu’il est assez gros que, s’il y a un trou dans le torse, ça peut devenir une cachette pour un petit animal, donc on peut l’imaginer être habité.

Et puis aussi, ce qui est très intéressant pour moi, c’est que ça changeait tout mon rapport à la sculpture de corps parce que, si on travaille sur une sculpture, sur une figure de taille normale, même si on travaille de manière très rapprochée, c’est presque impossible d’oublier que c’est un corps parce, quand on travaille proche de la sculpture, si c’est une sculpture de taille normale, la tête reste une tête, le bras reste un bras. Mais si on s’approche du corps du géant, on oublie que c’est un corps. On est capable de vraiment focusser sur une petite partie du corps qui devient complètement abstraite. C’est-à-dire que si je focusse sur la jambe, j’oublie le reste du corps, j’oublie que c’est un corps et je suis capable de vraiment me concentrer sur un travail de textures, un travail de couleur, un travail d’espace. Alors le corps du géant devient comme un genre de paysage, une architecture, ou une espèce de grande masse gigantesque, une masse abstraite.