David Altmejd commente l'œuvre The Flux and the Puddle
Décaissage de l'oeuvre
Montage de l'oeuvre
Avec The Flux and the Puddle, c’est la seconde fois que je réalise une création dans laquelle j’ai envie de revisiter tout ce que j’ai fait en tant que sculpteur.
Lorsque j’ai commencé à travailler sur cette pièce, l’idée était de construire une boîte de Plexiglas géante et de s’en servir comme d’une scène qui accueillerait différents personnages de différentes périodes de ma production. Je voulais combiner mes anciens loups-garous, des hommes oiseaux et certains culturistes plus récents, par exemple, et bâtir une sorte de drame lyrique. Je ne savais pas quelle forme cela prendrait, mais j’imaginais un contexte de guerre et de sexe. Au fur et à mesure que je travaillais sur la sculpture, tout en elle est devenu de plus en plus fragmenté et abstrait. Ce sont le mouvement et le flux qui m’ont alors intéressé, d’où le titre The Flux and the Puddle.
Plexiglas, quartz, polystyrène, mousse expansive, gel et résine époxy, résine synthétique, cheveux synthétiques, vêtements, chaussures en cuir, fil, miroir, plâtre, peinture acrylique, peinture latex, fil de fer, yeux de verre, sequins, céramique, fleurs synthétiques, branchages synthétiques, colle, or, plumes d’oie domestique (Anser anser domesticus), acier, noix de coco, toile de jute, encre, bois, grains de café, système d’éclairage (incluant lumière fluorescente)
Collection Giverny Capital
Prêt à long terme au Musée national des beaux-arts du Québec
J’ai construit une structure en Plexiglas, la plus grosse structure en Plexiglas possible, qui prenait presque tout l’espace de mon atelier. Et mon but, c’était d’y intégrer tout ce que j’ai fait en sculpture depuis le début : il y a les loups-garous, les hommes à tête d’oiseau, les Bodybuilders, les fruits, la résine, les couleurs… tout ce que j’ai fait en sculpture pour que la pièce The Flux and the Puddle devienne comme un genre d’index de tout ce que j’ai fait. C’est super intéressant pour moi qu’elle se retrouve à la fin de l’exposition parce qu’elle est comme un genre de condensé, un résumé de toute l’exposition. C’est comme une mini-expo dans une expo, un mini-musée dans un musée.
Après avoir construit la boîte en Plexi, j’ai commencé à intégrer des personnages comme les loups-garous, les hommes à tête d’oiseau, les Bodybuilders. Ce sont des personnages pris de différents moments de ma carrière de sculpteur, mais qui ont existé à différents moments, qui n’ont jamais existé en même temps. Donc, pour moi, ça allait être une surprise. Je ne savais pas exactement comment ils allaient réagir s’ils étaient placés dans la même structure. Alors, j’imaginais ça un petit peu comme la construction d’un opéra, d’un opéra super dramatique avec de la guerre, des tensions. Mais finalement tous les éléments se sont fragmentés de plus en plus et, au bout du compte, je me suis retrouvé avec quelque chose de très abstrait, très aérien, très fragmenté. Finalement, je me suis vraiment beaucoup plus concentré sur la définition des mouvements ; alors, vers la fin de la conception de la sculpture, j’étais uniquement préoccupé par le mouvement, par la création de certains mouvements, de certaines courbes, de certains cycles.
Je me fais souvent demander si je travaille à partir de croquis parce que l’œuvre est tellement élaborée, tellement complexe que les gens s’imaginent « Ah tu dois faire des croquis vraiment très précis ». Mais au contraire, si je faisais des croquis, je n’arriverais jamais à reproduire des croquis aussi complexes que ça, je n’arriverais jamais à reproduire ces croquis-là parce que ça deviendrait un challenge technique extraordinaire de traduire une infinité de détails sur un croquis; en trois dimensions, ça deviendrait impossible. Donc, je pense que pour moi c’est beaucoup plus facile d’arriver à construire quelque chose d’extrêmement complexe et détaillé si on se permet d’improviser. Alors je construis chaque détail, l’un après l’autre. Donc, il n’y a aucun croquis.