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Le Spectre
et la main

David Altmejd commente l'œuvre Le Spectre et la main

La noix de coco est comme une semence, ou un œuf, ou même une tête. Et il y a un espace à l’intérieur. J’ai donc le sentiment qu’elle rappelle plusieurs formes qui sont présentes dans mon travail. Et c’est une manière d’intégrer de l’humour. C’est une sorte de slapstick ou de farce. On peut en voir tomber une sur la tête de quelqu’un et cette personne n’en mourra pas, mais sera tout juste étourdie. Il y a quelque chose de la bande dessinée dans la noix de coco, quelque chose qui rappelle le singe. Et elle a aussi quelque chose de sérieux, qui donne presque la chair de poule, quelque chose d’étrange.

David Altmejd, dans « David Altmejd. Entrevue avec Daniel Kunitz », Modern Painters, vol. 23, nº 8 (nov. 2011), p. 16.

Plexiglas, noix de coco, argile époxy, résine époxy, fil, résine, fil de métal, crin de cheval et acrylique

Collection particulière

Le Spectre
et la main

Le Spectre et la main, à l’époque où je l’ai faite, c’était la plus grosse sculpture de la série de boîtes en Plexiglas que j’avais faites, la plus ambitieuse à deux niveaux différents, et aussi la première qui était vraiment figurative, où les objets qui allaient être présentés à l’intérieur se développaient physiquement, commençaient à développer une masse. Avant cette pièce-là, ma série de boîtes en Plexiglas s’était toujours développée de manière très aérienne, très abstraite. Au départ, quand j’ai fait l’œuvre, quand j’ai commencé à travailler sur l’œuvre, je voulais faire une série d’animaux. Je ne pensais pas juste à des zèbres. Je pensais en fait à des chevaux, à des oiseaux, à des abeilles. Je voulais faire un genre de troupeau d’animaux qui allait foncer vers l’avant. Mais finalement j’ai commencé à faire des chevaux, et en réfléchissant, je trouvais que les chevaux étaient peut-être un petit peu clichés, peut-être que la couleur aussi n’était pas très intéressante. Donc j’ai pensé que, finalement, je pouvais tout simplement transformer les chevaux en zèbres et que ça deviendrait beaucoup plus intéressant visuellement à cause de leurs bandes noires et blanches qui se mélangent aux couleurs, qui participent au mouvement.

Quand on prend de la distance par rapport à l’œuvre et qu’on la regarde de loin et puis qu’on voit les zèbres, les noix de coco, les zèbres qui courent, qui explosent en fils de couleur, il y a un aspect très ludique dans son dynamisme. Mais, en fait, moi personnellement, en tant que sculpteur, il faut que je la construise la sculpture. Donc, mon expérience de cette sculpture – je la connais de l’intérieur à un niveau beaucoup plus pratique. C’est-à-dire que moi, 90% du temps que je passe à faire la sculpture, je le passe à essayer de trouver une façon de réparer certains éléments, de coller des morceaux de Plexiglas pour me permettre de faire un trou dedans et de passer du fil d’un côté à un autre. Donc, c’est très technique. Moi, je me considère comme un genre d’ingénieur un peu trash qui travaille très rapidement, qui construit l’entièreté de la sculpture, petit détail après petit détail, jusqu’à ce que j’arrive à créer quelque chose de gigantesque. Mais mon expérience se passe vraiment beaucoup plus à un niveau cellulaire. Ce qui ne veut pas dire que mon travail de sculpteur est un travail très technique et froid. Non, je le vois très ludique. Moi, je considère que tout ce que je fais à un niveau pratique, tout ce que je fais à un niveau cellulaire dans la sculpture, je le vois comme un jeu aussi.