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Le Dentiste

2008

David Altmejd commente l'œuvre Le Dentiste

Si l’on couvre un objet de miroirs, il devient invisible, il a l’air complètement transparent. Mais si l’on se déplace autour, il change soudainement de forme, il devient réel. Donc, un objet couvert de miroirs est à la fois immatériel et super matériel, surtout s’il est brisé – il devient alors hyper matériel. J’aime la tension entre ce qui est totalement transparent, non existant, et ce qui est soudainement super matériel, dangereux et pointu.

David Altmejd, dans « David Altmejd », entrevue avec Daniel Kunitz, Modern Painters, vol. 23, nº 8 (nov. 2011), p. 16.

Miroir, bois, dents, œufs de caille, verre

Don de l’artiste et de Andrea Rosen Gallery, New York
Collection Musée d’art contemporain de Montréal

Le Dentiste

2008

Au moment où j’ai fait Le Dentiste, d’un côté je travaillais sur des structures architecturales recouvertes de miroirs, de l’autre côté je travaillais sur des géants multimédias avec plusieurs matériaux. Et j’ai tout simplement pensé que ce serait vraiment intéressant de combiner les deux puis de recouvrir le géant de miroirs. Ce que je trouve intéressant du miroir, c’est qu’il fait disparaître l’objet. Donc, c’était très intéressant pour moi l’idée de présenter un corps de géant, qui au départ est extrêmement massif, qui a une présence vraiment très intense dans l’espace, mais de le recouvrir de miroirs pour qu’il disparaisse. Alors, je le fais passer d’un état extrêmement puissant, presque violent, à quelque chose de presque invisible. Le miroir, en fait, cache la masse. Évidemment, j’ai fracassé le miroir. Pour moi, l’objet qui est recouvert de miroirs devient invisible, mais le fracasser par la suite, ça le fait passer d’un état de non-physicalité, d’invisibilité, à un état ultra physique. Si je recouvre Le Dentiste de miroirs, je le rends invisible ; lui donner un coup de marteau, c’est comme lui injecter une âme, c’est comme tout d’un coup lui donner une existence ou une identité. Donc je vois toujours cette action de fracasser le miroir, je la vois comme quelque chose de positif.

Si on regarde à l’arrière de l’œuvre, il y a quelques petits trous qui ont été faits avec un coup de marteau et j’ai collé des dents de requin, quelques dents de requin autour des trous. C’est que je voulais donner aux trous une force, je voulais attirer l’attention sur le trou, donc j’ai collé des petites dents de requin. Ensuite, juste pour ce détail, je me suis dit que ça serait vraiment approprié de lui donner le nom de… de l’intituler Le Dentiste.

Pour moi c’est très important de faire en sorte que ma sculpture devienne comme un organisme vivant. Donc, j’essaie toujours de trouver des stratégies pour intégrer une énergie dans l’objet, dans la sculpture, de trouver une façon de la faire vibrer pour que, au bout du compte, elle finisse par être un objet qui donne l’impression d’être vivant, ou de vibrer ou d’exister ou de se développer dans l’espace. Donc, ajouter des œufs de caille, c’était une façon d’intégrer un objet vivant. En soi, l’œuf pour moi est un symbole de potentiel parce qu’il contient la vie. Pour moi, un œuf c’est comme une batterie, c’est comme si j’intégrais une petite batterie. C’est une façon d’intégrer du potentiel dans l’objet.